L'amour perenne. #12 Par esclamoureux Allegeance totale et amour perenne ! Suite de "Une joute verbale", "Une �trange invitation au voyage", "Le voyage initiatique de Claude et Renaud", "Une declaration et trois humiliations", "une apres-derniere chance", "De nouvelles joutes", "Mille defaites savoureuses", "Genuflexion en public", "Un debat cornelien", "La Grece","le nid d'amour". Donc voici Claude et Renaud entres dans une nouvelle phase de leur relation. Un etat de soumission totale disait Renaud. Claude etait sa Maitresse toute puissante, celle qui decidait de tout ce qui les concernait y compris de son aspect exterieur, de son logement, qui le dominait sexuellement, le battait toujours a la lutte, etait sa superieure hierarchique au travail, fixait souverainement des moments de leurs rencontres, lui-meme etant dans un etat de disponibilite totale, restant en general seul quand elle ne pouvait lui consacrer du temps en pensant a elle. Bref une Maitresse dans presque toues les acceptions du mot, une Maitresse polysemique. Claude ne se voyait pas du tout en Maitresse polysemique, elle ecrivait "Renaud est libre, je ne le suis pas". Renaud s'etait libere de sa femme pour se soumettre a Claude. Claude preferait "allegeance" a "soumission". Elle reconnaissait cette allegeance et admettait y etre attachee. Discutant de sa barbe elle disait qu'elle ne pouvait remettre en cause cette barbe car elle etait un signe d'allegeance et autoriser la disparition de la barbe mettrait en danger l'allegeance elle-meme. Mais cette allegeance, pensait-elle, etait librement consentie par Renaud, mieux, elle etait demandee par lui ! Ce n'etait donc pas un contrainte, donc il etait plus libre qu'elle. Et il ne pouvait que lui donner raison sur ce point. Elle niait absolument qu'il fut son esclave comme il aimait a le dire. Elle aimait la mise en scene de prosternation, elle donnait les ordres et aimait etre obeie. Parfois meme elle mettait cela en scene de facon humiliante, mais c'etait un jeu, et elle savait faire plaisir a Renaud en agissant ainsi. Le paradoxe fut que cette nouvelle relation, ou Renaud etait plus soumis que jamais a sa Maitresse, avait un effet inattendu: l'opinion de Claude a son sujet devenait plus favorable. Avant cela elle l'aimait tout en manifestant un certain mepris pour sa faiblesse face a sa femme et l'influence qu'il subissait d'elle. Elle ne pouvait plus invoquer cela alors que l'influence accrue qu'il subissait d'elle-meme lui etait creditee ce qui est humain. Elle admirait le geste de separation qu'il avait accompli et qu'elle ne se resolvait pas a faire symetriquement. Elle avait aussi un peu de mauvaise conscience d'avoir ainsi place son amant dans une solitude frequente quand elle-meme n'etait pas libre. Elle l'encourageait a voir "d'autres gens". Il repondait sincerement qu'il ne souhaitait que la voir elle. De fait il ne souffrait pas de cette solitude. Il pensait a elle, lisait leurs cahiers, lisait des livres, ecoutait la radio. Il considerait cette solitude comme la consequence naturelle de son appartenance sans reserve a cette femme et de la disponibilite maximale qu'il souhaitait lui offrir. De fait les contraintes de Claude etant nombreuses, il importait qu'il soit le plus flexible possible. Il ne souffrait que quand leur separation durait trop du fait de leurs contraintes (car il en avait aussi, bien que moindres). Bref, son prestige aux yeux de Claude s'etait accru ce qui etait tres different de la relation sado-masochiste traditionnelle. Une Dominatrice qui a reduit un homme en esclavage en vient a le mepriser pour sa faiblesse, sa veulerie, sa couardise. Que peut-elle admirer chez une telle larve ? Mais la domination de Claude sur Renaud etait une domination due a l'amour. Claude le dominait non pas pour le plaisir de la domination, mais pour s'assurer de son amour passione. Et elle lui rendait cet amour. Donc l'incontestable accroissement de sa soummission lors de son installation dans le nouveau logement, vecu par les deux comme une preuve d'amour sans borne, aboutissait a le rehausser et non a le rabaisser aux yeux de sa Maitresse. Consequence du regain de prestige, les joutes se rarefierent vite. Les joutes avaient ete souvent declenchees par Claude lorsqu'elle trouvait que l'amour n'irradiait pas suffisamment de la personne de Renaud ou que l'influence de sa femme se faisait sentir. Alors elle le combattait jusqu'a le reduire a merci, a sa reddition et son humiliation, ce qui avait pour effet de retablir son amour et sa soummission au plus haut. Mais depuis l'emmenagement de Renaud dans un logement trouve par Claude, elle ne pouvait plus invoquer l'influence de sa femme et, de son propre aveu, "je sais que tu m'aimes", car il en donnait des preuves quotidiennes. Du cote de Renaud, le personnage "enfoui, chafouin, amer et raisonneur" etait retourne dans son enfouissement ou definitivement vaincu. Ses sursauts d'orgueil se faisaient rares probablement parcequ'il etait maintenant presque tous les soirs soit en attente de Claude soit avec elle, et cela maintenait la flamme amoureuse. Leurs points de vue politiques s'etaient rapproches et les disputes se faisaient rares dans ce domaine aussi. Il y avait un lieu de tension qui concernait Claude: sa fonction administrative de directrice. Renaud lui obeissait sans discussion et de plus il la soutenait de facon inconditionnelle. Le plus souvent il l'approuvait, mais quand il avait un doute il donnait a sa Maitresse le benefice du doute. Cependant elle avait parfois des relations tendues avec des collegues ou des administratives. Quand elle retrouvait Renaud elle etait pleine de ces conflits, et elle refusait que Renaud ne la touche. Les roles etaient inverses, c'etait lui qui ne "percevait rien (pas d'amour) venant de sa maitresse". Mais il ne combattait pas cela a la maniere de son Amazone cherie par une joute energique, il le faisait par la methode (dite feminine ?) qui lui avait reussi: la methode de "l'homoncule tendre et obstine", attendant patiemment qu'elle vide sa tete des scories et lui revienne lentement. Car il n'avait rien a revendiquer, il etait acquis des le debut du cloren qu'il avait un devoir de maintenir sa passion amoureuse au plus haut, au niveau qui avait finalement convaincu Claude de l'accepter comme esclave amoureux. Aucune clause de reciprocite n'avait ete enoncee. Donc cette tension se dissipait par des moyens, si l'on peut dire, "pacifiques". Le soutien de Renaud a sa Maitresse-Directrice lui coutait une distance de son ancienne "bande" qui etaient tres hostiles a Claude. Quiconque a du pouvoir, aussi petit soit-il, s'attire necessairement l'hostilite des gens, surtout si c'est une femme qui a ce pouvoir. Maria avait ete victime de la defaite de Renaud face a Claude alors que son mari etait candidat. Renaud, en se separant de sa femme avait du anoncer cela a certaines personnes dont Maria. Celle-ci avait vite devine que Claude etait la personne responsable de cela. Cela ne lui plaisait evidemment pas. Maria etait une ancienne etudiante de Renaud. Ils avaient continue a collaborer apres sa these. Elle etait bouillonante d'idees et voyageait beaucoup. Elle apportait sans cesse de nouvelles interrogations scientifiques et des propositions d'explications, a charge pour Renaud de les verifier ou de les refuter. Renaud avait la capacite technique mais Maria la creativite et la combattivite dans les polemiques. Bien que son ancienne etudiante, elle prit le role dominant dans leur collaboration. Elle etait bien plus connue que lui. Lors d'une grande conference, ils etaient au coeur d'un polemique importante contre des personnages reputes. Ils avaient raison. Maria avait presente leurs travaux et Renaud se sentit un peu humilie de voir toute la gloire lui revenir alors qu'il restait dans l'ombre. Mais il ne lui en avait pas voulu, elle etait ainsi, elle ne s'etait meme pas rendu compte qu'elle "l'ecrasait" un peu, tant le role dominant lui etait naturel. Renaud n'osait pas montrer a Maria a quel point il etait soumis a Claude. Maria, de son cote, jouait sur son amour propre de male pour essayer de le separer de Claude. Tout au debut du cloren Renaud avait rencontre Maria dans une conference. Maria avait parle de ses propres amours et avait flatte Renaud en le prenant comme conseiller. Ces quelques jours avaient regonfle son orgueil de male. Avant meme son retour Claude "reniflait" l'odeur de Maria dans ses propos: "je te laisse trois jours et voila comment tu parles. Au retour il tenta un putsch: il essaya de reequilibrer les rapports de pouvoir dans le cloren en revendiquant un "droit a l'autonomie". Claude "tu mets l'autonomie en avant la ou tu mettais la passion, je t'ai appris la liberte et tu en uses contre moi". Elle le "sentait partir" et il ressentit un certain plaisir sadique a la voir souffrir pour lui. Etait-il en train de prendre le pouvoir ? Il avoue cette pensee a Claude qui triomphe amerement "tu vois !, notre relation reposait sur la confiance, le desir de ne pas se faire du mal". Il fallut a Claude plus d'une semaine pour dompter Renaud, alternant propos cinglants et embrassades passionees. Un lundi, elle le convoqua sechement dans son bureau et lui "passa un savon". "Je peux m'asseoir ? - je ne sais pas... assieds-toi. Tes histoires de rapport des forces me font chier". Elle le perforait de son regard courrouce. Renaud plaidait pour son autonomie de facon defensive et de plus en plus faiblement. Ils dejeunerent ensemble. Apres-midi Renaud declarait solenellement qu'il renoncait a toute revendication d'autonomie. "Tu abdiques ? Mais ici cela ne vaut rien". Renaud redevint hypersensible, "je ne sais rien, je ne comprends plus, comment vivre ?" Claude s'inquieta de le voir ainsi et regretta un instant de l'avoir accule a renoncer a son autonomie. Elle battit sa coulpe "je suis trop romantique", un propos a double tranchant puisqu'elle savait qu'il ne desirait rien tant que ce romantisme. Une seance amoureuse a clos la "crise d'autonomie". Mais cette crise laissa des traces assez longtemps. Elle devint archetypique. Renaud n'eut plus jamais l'idee de demander l'autonomie. La revolte de Renaud et la victoire difficile de Claude changeait profondement leur relation. Quand Maria passait ils dinaient ensemble. Une annee, apres le demenagement de Renaud elle l'attaqua attaqua violemment, declarant que le labo etait en tres mauvaise situation. Il etait sous-entendu que la responsable etait Claude. Renaud ne pouvait que la defendre, mais il avait ete pris a l'improviste et fut maladroit. Maria alla jusqu'a dire "si tu n'etais pas mon ami je te casserai la gueule". Renaud imaginait la scene: Maria avait pris du poids et elle n'aurait pas eu de mal a le battre. Il garda de ce debat l'impression qu'il s'etait fait avoir par Maria. Lors d'un passage ulterieur de Maria, il dinerent ensemble a nouveau et il lui anonca d'emblee qu'il voulait reparler de leur dispute sur le labo. Il trouvait scandaleux qu'elle se permette de critiquer un labo qu'elle avait elle-meme quitte. Elle lui demontra que ses absences etaient normales jusqu'au choix du professeur qui l'avait obligee a partir rejoindre son epoux. Ce dernier avait ete refuse pas Claude malgre les objurgations de Renaud. De nouveau Maria visait Claude et la faiblesse de Renaud devant elle. Il ne sut quoi dire et perdit ainsi a nouveau le match retour contre Maria. Vaincu il etait tout de meme reste fidele a Claude et l'avait defendue tout du long. Les relations entre Maria et Renaud devinrent plus distantes. Toujours est-il que l'ombre de Maria planait encore sur le cloren meme apres le demenagement. Ce qui explique la splendide raclee qui survint peu apres.