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MAX ET MARTINE ou Une Autre Façon d'Aimer<
de Noël Burch nburch@wanadoo.fr<
Une infirmière judokate capture et " traite " à sa façon un violeur
Max était récidiviste.
Récidiviste impuni.
Il avait déjà violé 9 femmes.
A 22 ans, Max était pourtant beau gosse. Il n'avait aucun problème pour séduire les femmes selon les normes en vigueur dans nos sociétés. Seulement, voilà: Max était impuissant. Son érection l'abandonnait toujours au moment critique.
Sauf dans le viol.
Cela, il avait mis du temps pour le découvrir, et pendant toute la fin de son adolescence, sa vie amoureuse - succession d'échecs lamentables, humiliants - avait miné son existence. Il s'était mis à boire, avait failli perdre son emploi au tri postal.
Max était un être fruste: il ne lui était jamais venu à l'idée qu'il pouvait chercher de l'aide. C'était un être isolé, sans ami pour lui porter conseil.
Mais depuis le jour où il avait découvert, un peu par hasard cette première fois, les vertus "curatives" du viol, Max était un autre homme. Non seulement il s'était arrêté de boire et se sentait mieux dans sa peau, mais il travaillait mieux, il était mieux noté par ses supérieurs et pouvait même espérer monter en grande.
Certes, il regrettait de ne pouvoir seulement envisager une liaison permanente avec une femme, avec qui avoir des enfants, par exemple. Mais il s'était résigné à sa solitude et à sa carrière de violeur et avait donc trouvé un certain équilibre.
Alors chaque fois qu'il n'en pouvait plus de voir autour de lui toutes ces salopes en mini-jupes qui montraient leurs genoux, en caleçons qui étalaient leur fesses ou en en chemisiers diaphanes qui exhibaient leurs boutons de sein, Max avait recours à la seule thérapie qu'il connaissait: il se mettait à l'affût.
C'était d'une simplicité enfantine. Il suffisait de se rendre dans la partie la plus ancienne de la ville, là où les portes cochères étaient souvent ouvertes la nuit sur des cours sombres et désertes. Il suffisait de se cacher dans l'ombre et de guetter le passage d'une proie appropriée (Max était patient, il pouvait attendre des heures), la laisser dépasser de quelques mètres sa cachette, puis se précipiter derrière elle, lui encercler le cou de son bras puissant (Max pesait 70 kilos et mesurait lm80) et lui appuyer sur la gorge la lame du gros couteau qui ne le quittait jamais.
Qu'est-ce qu'elles avaient peur, les filles! La plupart se mettaient à trembler, à le supplier, à promettre tout ce qu'il voulait pourvu qu'il ne leur fasse pas mal! C'était ensuite un jeu d'enfant que de les entraîner dans la cour, et là...
Souvent elles y mettaient même de la bonne volonté, tant elles avaient peur...
Quand il avait joui en elles, il les laissait en pleurs sur le sol et s'esquivait vite fait, un sentiment indicible de triomphe et d’orgueil s'agitant au fond de son esprit borné.
Ce soir-là, donc, Max était à l'affût.
Il avait choisi une porte cochère particulièrement sombre et était parvenu à caler le lourd battant avec une pierre afin qu'il reste suffisamment entrouvert pour le laisser passer avec sa victime sans qu'il ait à le pousser; ensuite, un coup de pied au passage délogerait la pierre pour que la porte se referme derrière lui: la technique de Max était très au point.
Il était déjà deux heures du matin. Max avait vu passer des couples, des vieilles, des trop moches pour lui - car plus il prenait de l'assurance comme violeur, plus Max se permettait d'être exigeant sur les critères de beauté. Ce soir, l'attente était plus longue que d'habitude.
Mais enfin... enfin il entendit des pas confiants, rapides, mais pas vraiment pressés, qui s'approchaient le long du trottoir... Bientôt, à la lueur du réverbère, il vit sa proie.
Elle avait une trentaine d'années et elle était vraiment gironde: un pantalon-collant de licra noir moulait les fesses et les jambes parfaites; aux pieds les bottines étaient à talons hauts et carrés, d'une élégance un peu lourde comme la mode du jour le voulait. Un blouson de cuir stylé laissait deviner des seins épanouis, et les cheveux clairs, retenus par un large bandeau, descendaient jusqu'aux épaules. Sa future victime portait aussi des petits gants de peau sombre, car la nuit était frisquette.
Max sortit son couteau, l'ouvrit silencieusement et attendait que la fille passât devant lui.
Puis, courant sans bruit sur ses baskets, il la rattrapa, lui passa le bras autour du cou, la tira brutalement à lui et appuya le revers de la lame - Max était malgré tout prudent - contre la gorge offerte: "Bouge pas ou je te saigne! Fais ce que je te dis et je te ferais pas de mal!" Ces phrases d'entrée en matière, Max les avait si souvent prononcées maintenant qu'elles étaient parfaitement rodées, elle faisaient partie intégrante de sa routine.
La fille poussa un petit cri comme toutes les autres, terrorisée comme elles sans doute. Mais ensuite, Max sentit que son comportement était différente: elle ne gémissait ni ne suppliait, elle restait parfaitement silencieuse, et quand il commença à l'entraîner vers la porte cochère entrebâillée, il lui sembla qu'elle était inhabituellement docile.
"C'est peut-être une salope qui aime ça" se dit-il.
Elle franchit devant lui sans difficulté la porte cochère, se laissa entraîner vers le coin spécialement sombre que Max avait déjà repéré. Il commençait à sentir que cela allait être facile, peut-être même trop facile pour le stimuler, pour que son érection se maintienne jusqu'au bout. Alors il se mit à lui chuchoter des injures à l'oreille pour qu'elle se rebelle un peu, ce qui aiguillonnerait son propre désir.
Mais elle resta toujours impassible et docile dans ses bras.
Ce n'est qu'au moment où il baissa enfin le bras qui tenait le couteau et se préparait à faire pivoter la fille vers lui comme il l'avait déjà fait neuf fois en deux ans, pour ensuite la coucher sur le dos - en douceur si possible, de force s'il le fallait - que se produisit l’événement totalement imprévu qui allait faire basculer la vie de Max dans le cauchemar.
La femme se pencha soudain en avant et des fesses rondes et dures percutèrent douloureusement ses testicules enflées, tandis que des petites mains gantées, dont la force nerveuse l'étonna, s’agrippèrent l'une au poignet qui tenait le couteau, l'autre au col de son veston. Avant que Max ne comprît seulement ce qui lui arriva, ses pieds avaient quitté le sol et il était en train d'accomplir une spectaculaire culbute par-dessus l'épaule de sa "victime".
L'atterrissage sur les pavés de la cour était douloureux à l'extrême. Max cria, car son coccyx lui fit soudain très, très mal. Mais il était obscurément conscient de ce que la femme - le mot judoka lui vint à l'esprit -, en lui tenant fermement le poignet et le veston, avait empêché que son crâne ne se fracassât contre la pierre. Trop commotionné par sa chute traumatisante, il était dans l'incapacité d'opposer la moindre résistance aux mouvements qui suivirent cette projection et se trouva rapidement cloué au sol, le poignet pris comme dans un étau sous l'aisselle de cette femme au corps dur et musclé et qui était maintenant accroupi à ses côtés; il avait le bras tendu douloureusement en porte-à-faux contre une cuisse ferme et ronde gainée de licra, tandis qu'une main gantée s’agrippait avec force à son col et que l'avant-bras recouvert d'un cuir dont la riche odeur lui remplissait les narines, écrasait son larynx. Max se trouva dès lors complètement à la merci d'un "petit bout de femme." L'humiliation était presque plus forte que la douleur.
Pour le première fois depuis leur "rencontre" la femme lui adressa la parole: "Tu as déjà fait ça, n'est-ce pas? Tu as déjà violé des femmes?"
Il n'osa répondre. Mais la prise s'accentua: il crut que son coude allait se rompre: il cria de douleur... mais pas trop fort, de crainte qu'on ne le surprenne dans cette posture gênante. Après tout, lui était dans son tort aux yeux de la société, et il le savait bien.
"Alors?"
"Oui..."
"Combien de fois?" Et comme il tarda à répondre, la douleur au coude devint vraiment insupportable.
"Salope! Tu me casses le bras!"
"Combien?" et l'avant-bras qui meurtrissait sa gorge lui coupa la respiration tout à fait.
"Neuf..." parvint-il à articuler.
"Bien... Mon petit bonhomme, tu as besoin d'être soigné... Et c'est moi qui vais m'en charger..." Sur ce, la femme lâcha prise. Etonné, Max réagit aussitôt et chercha à se la coltiner, il voulait sa revanche: cette salope l'avait eu parce qu'elle l'avait pris en traître, mais s'il pouvait faire jouer sa force et son poids naturels, il aurait le dessus sans problème... S'ensuivirent quelques instants de lutte confuse au sol, Max parvenant même à faire rouler ce corps compact et à se coucher sur son adversaire: il crut alors triompher, pouvoir s'échapper enfin. Mais soudain il prit conscience que les jolies jambes s'étaient refermées dans un ciseau puissant qui lui écrasa les reins, et que s'étant croisé les poignets, la femme avait saisi de ses mains gantées le col de son veston: ses poings retournés lui comprimèrent le cou avec une force inouïe. Il se sentit défaillir, un voile rouge descendit sur son esprit: qu'est-ce qui s'était passé? Il s'était couché sur elle de tout son poids, encore un petit effort et il la tenait pour sûr...
De très, très loin, comme sous l'effet d'une anesthésie, il entendit la femme lui dire: "Temps de faire dodo, mon petit bonhomme..." Son vertige s'accrut, sa respiration faiblit et il tomba... tomba... tomba... dans un grand trou noir.
*
* *
Martine relâcha son étreinte dès qu'elle sut que la syncope était complète. Elle n'avait pas la moindre intention de tuer son agresseur, bien qu'elle eut pu le faire aisément avec cet étranglement et que son premier instinct l'y portât peut-être, tant elle était écoeuré par l'aveu du violeur.
Mais elle avait autre chose en tête, autre chose à laquelle elle s'était préparée en fantasme depuis de très longs mois.
Elle se dégagea du poids inanimé de son agresseur et se mit à genoux. Elle jeta au loin le gros canif tombé au sol. Puis, de la pochette qu'elle portait à la ceinture en guise de sac, elle sortit un petit objet métallique. C'était comme des menottes miniature mais faites d'une seule pièce rigide, avec deux petites ouvertures se fermant par des crochets articulés à crémaillère. Elle ramena les mains de l'homme inconscient derrière lui, referma les parties mobiles de l'instrument sur ses pouces... Il y eut un cliquetis à peine audible lorsqu'elle les serra à fond. La douleur ainsi provoquée eut le don de ranimer le jeune homme.
Dès qu'il prit conscience de sa position, celui-ci dit avec une résignation écoeurée:
"Alors, t'es une fliquesse..."
"Pas du tout... Je suis infirmière,... Je m'appelle Martine et je suis ceinture noire de judo... deuxième dan. Alors tu vois, tu as eu tort de t'attaquer à moi. Mais je ne suis pas rancunière, je vais m'occuper de toi, je vais t'amener à l'hôpital, je vais te soigner. Comment tu t'appelles...?"
"..."
"Attention, je vais encore te faire mal...." et les doigts gantés se resserrèrent, pas encore trop fort mais assez pour qu'il comprenne, sur un muscle au bas du cou...
"Je m'appelle Max..."
"Bien... Lève-toi maintenant, Max."
Mais le jeune homme ne s'exécutant pas assez vite à son gré, Martine le saisit par les petits cheveux autour de la tempe et l'obligea sans difficulté à se mettre debout, gémissant et maudissant sa tourmenteuse.
Toujours maintenant sa méchante prise aux cheveux, qu'elle savait fort douloureuse, Martine amena son captif hors de la cour et jusqu'au trottoir désert.
Par chance, lorsque le violeur eut le tort de lui tomber sur le dos, elle était presqu'arrivée chez elle. De ce fait, la voiture qu'elle n'utilisait normalement que pour des courses lointaines, les attendait tout près.
Mais lorsque son "patient" - comme disent les médecins, mais aussi les bourreaux - était enfin couché sur la banquette arrière de sa petite Renault, Martine eut un moment d'hésitation. Est-ce qu'elle avait vraiment le droit?
Puis, ayant décidé que cet homme méritait tout ce qui allait lui arriver, et que pour lui l'autre option était des années de prison, elle le frappa une fois, sèchement, du tranchant de la main juste sous l'oreille gauche. L'homme poussa un soupir et s'évanouit à nouveau. Elle enleva un gant et lui prit le pouls: celui-ci lui parut normal pour un homme qui venait d'entrer en syncope pour la deuxième fois en dix minutes. Satisfaite qu'il allait dormir pour au moins le temps qu'il lui fallait pour exécuter la première partie de son plan, elle s'installa derrière le volant et mit le moteur en marche.
L'hôpital où travaillait Martine se trouvait à un quart d'heure à peine de son domicile, dans la zone périphérique de cette petite ville du Doubs.
Elle pénétra au pas dans le parking du personnel, utilisant sa carte magnétique pour faire lever la barrière en bois. Elle se gara non loin d'une porte discrète et normalement hors service. Elle jeta un coup d'oeil sur son "patient" qui commençait depuis quelques minutes à donner signe de vie. Vivement elle sortit du compartiment à gants un rouleau de sparadrap et un grand pansement chirurgical dans son enveloppe stérile. Le sparadrap lui servit à ligoter prestement les genoux et les chevilles de feu son agresseur. Puis, ôtant le papier protecteur du pansement, elle le lui colla sur la bouche. Enfin elle prit dans le coffre une couverture qu'elle jeta sur le corps encore à moitié endormi, couché au fond de la voiture, entre la banquette arrière et les dossier des sièges avant.
Satisfaite de toutes ces précautions, elle verrouilla les portes et se dirigea vers l'entrée éclairée surmontée d'une enseigne lumineuses: "URGENCES".
Le factionnaire salua distraitement cette figure familière et retourna à sa bande dessinée.
Martine gagna rapidement les vestiaires: bien qu'elle ne dût reprendre son service qu'à six heures du matin (il était maintenant un peu plus de trois heures), il lui fallut revêtir son uniforme pour pouvoir circuler dans l'hôpital et accomplir ce qu'elle avait à y faire cette nuit.
Devant le placard métallique ouvert, Martine se dépouilla prestement des gants, des bottines mode, du blouson, du body et du pantalon en licra. Le corps bronzé, durci par quinze années de dojo assidu, apparut doucement luisant dans la glace au mur du vestiaire. Martine ne put s'empêcher d'admirer ses formes parfaites avant de revêtir sa tenue de travail.
Si son uniforme blanc et sa coiffe étaient tout à fait réglementaires, les tennis élégants que Martine affectionnait l'étaient déjà moins - mais dans cet hôpital de tels écarts étaient tolérés au nom du confort du personnel. En revanche, Martine se demandait parfois avec malice ce que diraient ses supérieurs hiérarchiques s'ils savaient que ce qui apparaissaient jusqu'à hauteur des genoux comme de sages bas blancs étaient en réalité un "collant-jarretelle" ultra-sexy, trouvé Rue Saint Denis à Paris - là même où elle avait acheté aussi les petites menottes - qui laissait entièrement à découvert le sexe et l’entrejambes, puisque Martine ne portait jamais de slip.
C'est que cette infirmière modèle était en même temps une femme "vicieuse" à l'affût des nombreuses opportunités qui pouvaient s'offrir à elle, pendant les heures du travail, pour assouvir un appétit sexuel pratiquement illimité. L'apparition dans sa vie du pauvre Max était une aubaine dont elle ne mesurait encore qu'obscurément tout le potentiel. Mais son excitation ne cessait d'accroître, aiguillonnée à la fois par la pensée de son beau jeune prisonnier et par la conscience des risques qu'elle allait prendre dans les minutes à venir.
A cette heure-ci, il était facile de circuler dans l'hôpital sans rencontrer âme qui vive et de toute façon, sauf dans son propre service neurologique - que Martine évitait soigneusement - qui pouvait savoir que cette infirmière en uniforme n'avait rien à faire en ces lieux?
Elle se procura rapidement dans une salle de soins un seringue, quelques ampoules, une garrotte en caoutchouc, du coton hydrophile et de l'alcool, ainsi qu'une paire de fins gants de latex blanc; et mit le tout dans un sac en plastique. Elle chopa au passage un fauteuil roulant qui traînait dans un couloir et se dirigea enfin vers la porte discrète devant laquelle elle avait garé sa voiture.
Max gisait sur le ventre: ses jambes gigotaient faiblement sous la couverture. Le mettre dans le fauteuil roulant posa quelques problèmes pour Martine, jusqu'à ce qu'elle s'avisât de lui saisir au col et par le petit instrument métallique qui relia ses pouces: soulevant ainsi les bras et le torse, elle lui causa une douleur vive qui l'obligea à se mettre à genoux sur le rebord de la véhicule, puis debout. Enfin, le faisant pivoter d'un quart de tour, elle put l'asseoir dans le fauteuil rangé le long de la Renault. Au même moment, elle fit passer les bras attachés derrière le haut dossier en plastique souple, ce qui le maintint dans le fauteuil aussi sûrement que s'il y avait été ligoté. Elle jeta enfin la couverture sur le garçon ainsi immobilisé, et se dit que de loin il pouvait passer pour un malade qu'on emmena vers quelques soins urgents. Ce qui était bien le cas, se souriait-elle.
Certes, son équipée nocturne n'aurait guère pu résister à un examen de près, et elle pria le bon Dieu de ne rencontrer personne avant d'arriver à l'ascenseur du personnel.
Sa prière fut exaucée: elle ne vit âme qui vive.
Lorsque la porte de l'ascenseur se referma derrière Martine et son prisonnier, elle poussa un soupir de soulagement et appuya sur le bouton du deuxième sous-sol, qu'à cette heure-ci elle savait parfaitement déserte.
Sa destination ultime était une petite remise le long d'un couloir poussiéreux restée inexplicablement vide depuis des années. Lors d'une torride liaison avec un jeune interne, parti dans le privé depuis bien longtemps, Martine s'était faite faire un double de la clef.
La pièce, qui mesurait trois mètres sur quatre, était entièrement vide à l’exception d'un matelas, subtilisé à l'économat pour les ébats avec l'interne et qu'elle n'avait pas jugé utile de remettre à sa place. Elle s'en félicita ce soir quand elle avait réussi à y installer le beau Max.
La première chose qu'elle fit ensuite fut d'enlever le pansement chirurgical qui servait bâillon. Son prisonnier parut alors hésiter quant au parti à prendre: hurler au secours afin qu'on le trouve dans cette situation si gênante pour un homme, ou bien...
Martine lit dans ses pensées: "Tu peux crier tant que tu veux, la nuit il n'y a personne à portée de voix. Et le jour, tu vas dormir..."
"Salope! Je t'aurais! T'as pas le droit de faire ça, t'as pas le droit!"
"Et toi, t'as le droit d'enfoncer ton zizi dans le ventre des filles qui t'ont rien demandé?" dit-elle placidement en enfilant les gants de latex...
"Gougnasse! Tu m'a pris en traître! Détache-moi et je te fous une des ces raclées! Je te montrerais ce que c'est qu'un homme!"
Martine le regarda avec un petit sourire, hésita, puis changea d'idée. Elle reposa le seringue sur le fauteuil roulant et enleva sa coiffe, qui l'y rejoignit. Ensuite, presqu'à la manière d'une stripteaseuse - ou d'une lutteuse de foire enlevant son peignoir - elle défit un à un les boutons de son uniforme et le déposa lui aussi sur le fauteuil. Toujours sans un mot, elle se pencha, fit rouler son prisonnier sur le flanc, comme elle l'avait fait depuis tant d'années à d'innombrables malades, et inséra dans les minuscules menottes une clef: un déclic se fit entendre et les pouces de Max étaient libres. Enfin, se servant du petit canif attaché à son porte-clés, elle trancha le sparadrap qui lia les genoux et les chevilles du jeune homme.
Elle recula alors et se tint debout, les mains encore gantées de latex sur les hanches, habillée seulement d'un soutien-gorge, de son collant très spécial et de ses sobres tennis. Les genoux étaient légèrement fléchis et les jambes écartées de manière à exposer les lèvres de son sexe.
"Voilà ce que tu voulais tout à l'heure," dit-elle doucement. "Viens le chercher."
Ceinture noire depuis l'âge de dix-huit ans, Martine avait pris conscience de longue date que vaincre les hommes en combat corps à corps était le préliminaire amoureux qui l'excitait le plus. Elle parvenait souvent à provoquer de tels combats, parfois par surprise, au cours des ébats avec les nombreux amants qu'elle s'était offerte. Mais jamais peut-être la perspective d'un tel combat érotique, en raison des circonstances très particulières où il allait avoir lieu, en raison de la personnalité fruste et malade du beau mec devant elle, n'avait produit sur une elle une impression aussi forte. Elle sentait les jus de l'amour sourdre du plus profond de son ventre avec une profusion inhabituelle.
*
* *
Max ne savait quoi penser. Assurément, il ne songeait plus du tout aux choses du sexe: tout ce qu'il voulait c'était échapper à cette folle qui était parvenue à l'enfermer dans ce sous-sol et qui lui réservait il ne savait quel mauvais tour. Tout en frottant ses pouces et ses chevilles pour y restaurer la circulation, il réfléchissait: il était quand même beaucoup plus grand et plus fort qu'elle. D'accord, elle savait un peu de judo, mais enfin, merde!... c'était qu'une fille! Il se mit debout et fit un pas vers elle, qui se tenait toujours là devant lui, à le narguer de son petit sourire supérieur.
Dans le temps, Max avait pratiqué un peu la boxe. Il opta donc pour un KO rapide: ne pas lui donner le temps de lui faire un de ces tours de judo, c'était ça la solution. Et il lança, par surprise croyait-il, un crochet de droite qui visait la mâchoire fragile.
Mais son poing passa derrière la tête de l'infirmière à moitié dénudée et ne rencontra que le vide. Car Martine, vive comme une chatte sur ces tennis, s'était coulée tout contre sa poitrine et l'avait saisi au collet: "Tu télégraphies tes coups, Max", susurra-t-elle.
D'un jeu de jambes auquel il ne comprit rien, elle faucha imparablement les siennes, et ils tombèrent ensemble sur le sol. Mais la chute de Martine était amortie par le corps de son adversaire, tandis que celui-ci se fit à nouveau très mal sur le béton. Il cria de rage et de douleur!
"Ah, sale garce, tu m'as encore fait mal!"
"Max, tu vas apprendre à modérer ton vocabulaire," dit-elle tout en déplaçant son corps gracile sur le côté grâce à un savant ondoiement des hanches.
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* *
Le travail au sol, où Martine excellait et qui lui avait permis de marquer tant de points quand elle faisait encore de la compétition, était également la phase de combat qui l'excitait le plus. Son adversaire se débattait puissamment sous elle mais en vain, et elle jouissait de tout son être, sentant le pouvoir qu'elle avait sur lui: elle enchaîna savamment prise sur prise, anticipant chacune de ses parades, frustrant à l'envie et comme en se jouant ses tentatives de la repousser, de lui échapper: il était comme une bête prise au piège et ne put absolument pas l'empêcher d'exécuter pour finir une clef compliquée aux bras et à la nuque qui le paralysa complètement. Pour la seconde fois cette nuit, elle lui comprima le carotide et savait qu'il allait bientôt se sentir glisser vers le néant.
Mais la gracile amazone ne porta pas la clef à fond. "T'en as assez?" lui dit-elle à l'oreille. Martine était très en forme, elle était à peine essoufflée par son effort. Il grogna sa soumission et elle fut prestement debout, les jambes écartées, les mains sur les hanches. "Bon, maintenant mets-toi à genoux et fais-moi minette! Allez!"
*
* *
S'il y avait dans l'imaginaire perturbé de Max une chose qui lui fît horreur, c'était bien l'idée de mettre ses lèvres au contact du sexe féminin, poilu, visqueux et qui lui paraissait la chose la plus dégoûtante du monde, si agréable que fut l'impression qu'il lui procura lorsqu'il servit de réceptacle à son pénis.
"Pouah!" fit-il instinctivement, exclamation qui fit aussitôt réagir sa conquérante.
"Aha!" fit-elle, "Alors c'est comme ça! Eh bien, mon petit bonhomme, on va te dresser!" et elle se laissa tomber sur lui de tout son poids de sorte que son genou, écrasant les fausses côtes, lui coupa la respiration. Avant qu'il ne sache ce qui lui arrive sa main gauche était prise dans l'étau des gants de latex, rabattue vers le poignet dans une clef irrésistible. Martine se redressa aussitôt et il fut obligé de s'asseoir puis de se mettre à genoux selon la bonne volonté de la judoka, dont la prise faisait d'autant plus mal que ses deux pouces exerçaient une pression savante sur un point ultrasensible au dos de la main captive. Bientôt, le sexe humide et offert se rapprocha dangereusement de la bouche de Max.
"Et maintenant tire la langue et lèche moi... tout autour des lèvres d'abord, lentement, doucement, comme je te dirais et où je te dirais... Sinon, tu vas avoir une luxation du poignet carabinée, tu m'entends?"
La douleur était telle que Max, qui avait pourtant fortement envie de vomir, ne put qu’exécuter les ordres de l'infirmière. Chaque fois que ses attouchements étaient jugés insatisfaisants, une douleur incomparable accompagnée d'indications précises - "plus haut, plus bas, plus fort, plus doucement" lui corrigea le tir.
Il était maintenant passé au clitoris qui s'enflait sous ses caresses.
La voix de Martine se faisant de plus en plus rauque, il germa dans le cerveau de Max un projet de délivrance qui le fit presque oublier sa répugnance: cette femme était sur le point de jouir. Et ce serait là sa chance: elle ne pouvait quand même pas lui faire du judo en plein orgasme: un coup de boule dans le ventre et il pourrait prendre la poudre de l'escampette. Alors il tenta de s'appliquer à sa tâche, autant pour éviter les punitions que la femme savait infliger à son poignet que pour pouvoir mettre à exécution son projet d'évasion.
*
* *
Martine s'était bien entendu préparée pour cet instant où son corps allait s'abandonner; sentant monter en elle le plaisir suprême, elle maintint de sa main gauche la clef au poignet, tout en préparant une main sabre, aux doigts raidis. Ayant depuis longtemps appris à traduire en violence l'énergie de son orgasme, avant même que Max ait eu le temps de comprendre que le plaisir de la femme débordait, elle frappa sèchement à la racine du nez de son involontaire serviteur, puis le lâcha tout à fait et s'appuya au mur, les yeux fermés, un long ululement musical lui échappant des lèvres.
Quand elle ouvrit enfin les yeux, elle vit que Max se tordait sur le sol en gémissant, tenant son visage à deux mains. Le coup qu'elle lui avait porté aurait pu être mortel. Mais même dans les affres du plaisir, qui décuplaient pourtant ses pulsions sadiques - plusieurs de ses amants en avaient gardé longtemps des traces - Martine savait doser sa force. Cet "amant"-ci ne serait hors combat que pour cinq ou six minutes. Certes, il lui resterait pendant de longues heures une sévère migraine, mais de toute façon il allait bientôt dormir.
Tout en remplissant le seringue, Martine se fit une observation qui l'intrigua: c'était la première fois qu'il lui était arrivé de porter une clef de judo alors qu'elle avait les mains revêtues des gants de latex de son métier. Or, elle s'était aperçue non seulement que cela lui procurait une certaine satisfaction sensuelle, mais que la qualité préhensile de cette matière donnait une plus grande efficacité à sa prise. Et elle se promit de recommencer l'expérience.
Quant Martine se pencha sur son "patient" pour le traîner jusqu'à son matelas, il n'était toujours pas en mesure de lui opposer la moindre résistance, le vertige et la douleur qu'il éprouvait à la suite du coup savant qu'elle lui avait porté le privant encore de tous ses moyens. Mais quand elle lui prit le bras et lui retroussa la manche, il lutta faiblement. Accroupie auprès du matelas, elle dut lui emprisonner alors le poignet sous l'aisselle et bloquer le coude contre sa cuisse pour immobiliser le membre, tandis qu'elle serrait la garrotte et cherchait la veine. Martine était aussi experte dans l’exercice de sa profession que dans les sports de combat, mais c'était bien la première fois, se disait-elle avec un petit sourire, qu'elle eut recours au judo pour faire une injection.
"Là, là, tu vas dormir maintenant, tu n'auras plus mal..." Elle défit la garrotte et caressa la joue du beau jeune homme. Puis, ayant revêtu son uniforme, elle reprit ses affaires. Elle jeta sur le jeune homme la couverture qui avait servit à cacher son infortune. Que faire du fauteuil roulant? Elle décida de le laisser là. Personne ne s'apercevra de sa disparition et il pourrait encore servir. Elle éteignit la lumière et referma la porte à clef.
Martine savait que la dose de Valium qu'elle venait d'administrer à son prisonnier le ferait dormir pendant une bonne quinzaine d'heures, qu'il ne se réveillerait donc qu'une fois son service terminé, quand elle aurait à nouveau le loisir de s'occuper de lui.
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Après un petit déjeuner copieux dans un bistrot proche - les calories compensant dans une certaine mesure sa nuit blanche - Martine prit son service à six heures du matin: distribution des thermomètres, briefing matinal, etc.
Toute la journée, elle songeait à Max, endormi sous ses pieds et elle en éprouva une jouissance inconnue.
A quinze heures, ce fut la relève. Martine s'était déjà approvisionnée en seringues, Valium et gants de latex. Au lieu de laisser son uniforme au vestiaire après la douche, elle le fourra dans un sac et l'emporta jusqu'à sa voiture.
Elle tenait à s'accorder quelques heures de sommeil avant de retourner auprès de Max. Elle comptait profiter de la somnolence de celui-ci quand il émergerait du Valium: c'était toujours un moment intéressant pour Martine et dont elle avait su profiter en plus d'une occasion auprès de malades plus ou moins consentants.
Elle regagna donc son petit deux pièces dans la vieille ville, prépara quelques sandwiches en prévision de son retour à l'hôpital, et se coucha toute habillée sur son lit.
Mais quand elle se réveilla, elle regarda sa montre et poussa une exclamation. Elle avait eu tort de ne pas mettre son réveil: il était neuf heures passé. L'effet du Valium devait être épuisé. Elle rafla les sandwiches et son matériel et sauta dans sa voiture.
Au moment de glisser la clef dans la serrure de la porte derrière laquelle Max était prisonnier, Martine se dit qu'elle devait se méfier: son "patient" était assurément réveillé.
Quand elle eut ouvert la porte et allumé le plafonnier, elle crut le voir pourtant toujours couché sous la couverture qu'elle lui avait mis. Mais cette forme sur le matelas avait quelque chose d'étrange qui l'a mise encore davantage sur ses gardes.
C'est pourquoi, avant même qu'elle ne comprît qu'elle était la victime d'une ruse, elle fit une esquive de côté, et ne reçut en conséquence que sur l'épaule le coup violent porté par un objet métallique - ce n'est que plus tard qu'elle comprit qu'il s'agissait d'un des étriers du fauteuil roulant qu'elle avait imprudemment laissé sur place. Mais le coup le fit quand même chanceler et une bourrade puissante le renversa tout à fait avant que des pas rapides dans le couloir ne le fissent comprendre que son prisonnier lui échappait.
Elle fut debout dans un éclair et jaillit de la pièce juste à temps pour voir Max disparaître dans un couloir latéral: elle sourit, et se lança à sa poursuite mais sans hâte, car elle savait qu'il s'était engage dans un cul-de-sac.
Et en fait, ayant pris le même virage, Martine vit le jeune homme chercher en vain à ouvrir un grillage solide qui lui barrait le chemin. Il ne portait plus que son slip et ses chaussures, et Martine comprit qu'il avait dû, avec ses vêtements, se confectionner une sorte de mannequin pour donner le change. Elle se dit qu'il avait vraiment un très beau corps et elle sentit monter en elle l'anticipation agréable du corps-à-corps qui allait venir et dont elle sortirait presque certainement encore vainqueur.
"T'as pris un mauvais tournant, Max, tu ne m'échapperas pas comme ça..."
Max se retourna. Il ressembla à un animal aux abois. Il luttait encore manifestement contre les effets de la drogue et Martine se dit que dans sa présente tentative d'évasion il faisait preuve d'un courage certain.
Elle s'avança lentement vers l'homme dénudé, un petit sourire sur les lèvres.
*
* *
C'était un peu comme dans un rêve que Max vit avancer vers lui la jolie infirmière, le corps légèrement repliée, parfaitement équilibrée à chaque pas sur ses petits tennis blancs. Il poussa un cri de rage et se précipita vers elle, plus dans l'espoir de passer en force que de lutter avec elle, car il n'avait plus beaucoup d'illusions de ce côté-là, surtout compte tenu des toiles d'araignée qui brouillaient ses perceptions...
Il entendit comme un soupir: "Oh, Max, pauvre Max..."
La femme en blanc fit un pas de côté pour se mettre sur son chemin... En l'atteignant il la poussa de tout son poids et eut la satisfaction de constater qu'elle ne résista point mais sembla céder devant son élan puissant. Puis il comprit qu'en tombant à la renverse, les doigts puissants de la femme s'enfonçaient douloureusement dans ses biceps et qu'elle accompagnait délibérément son mouvement avec une intention qui allait s’avérer néfaste pour lui. Elle leva une jambe et lui planta fermement une semelle de caoutchouc au creux du ventre, juste à la racine du sexe. Emporté par son propre poids, il ne contrôla plus du tout son corps: Martine était maintenant couchée sur le dos et sa jambe se détendit comme un ressort: la jupe de son uniforme lui retomba autour des hanches dénudant ses jambes et au moment où ses pieds s’élevèrent dans les airs, Max vit même fugitivement le haut du collant blanc et l'ombre de la toison nue. Puis il fit un saut périlleux et retomba lourdement sur le dos, pour la troisième fois depuis qu'il avait fait connaissance avec la redoutable judoka.
Il se mit à hurler: "Au secours, au secours!" mais sa voix lui sembla bien faible.
Il sentit un léger parfum un peu savonneux dans ses narines: la femme s'affaira derrière lui: "Max, Max, je t'ai déjà dit que personne ne peut t'entendre ici. Maintenant tu vas venir avec moi." Elle lui tira les deux bras en arrière et il se sentit pris dans une de ces clefs puissantes dont sa geôlière semblait posséder un répertoire inépuisable. Irrésistiblement elle le força à s'asseoir puis à se mettre debout et à s'avancer le long du couloir. Il s'abandonna entre les mains savantes, il avait très sommeil et n'avait plus le courage de lutter: ce n'était qu'une fille peut-être, mais il accepta enfin qu'elle était trop forte pour lui.
Il entendit se refermer dans son dos la porte métallique, sans doute sous l'effet d'un coup de pied, car la femme maintenait encore fermement sa prise, mais sans la porter à fond et sans que cela ne lui fît très mal, mais il sentit bien qu'au moindre faux mouvement elle pouvait lui casser les deux bras. A présent elle le coucha presque gentiment sur le matelas.
Il avait encore très mal au dos; il s'étendit donc docilement et regarda la femme qui se tenait au-dessus de lui, le contemplant d'un drôle d'air. Sans un mot, elle défit quelques boutons de son uniforme jusqu'à dénuder son sexe et se mit à se caresser du doigt.
Au bout de quelques secondes elle s'accroupit à nouveau et tout en continuant à se toucher, tendit l'autre main et voulut baisser le slip de l'homme couché. Gêné par ces initiatives féminines, Max voulut presque instinctivement l'en empêcher, mais elle le rappela à l'ordre en pinçant méchamment, avec une petite torsion savante, la peau entre le pouce et l'index: il poussa un petit cri et retira vivement la main. Qu'est-ce qu'elle savait faire mal quand elle le voulait! se dit-il à travers le brouillard où il nageait encore. Elle acheva de dénuder ses parties, posa la main sur le membre flasque et se mit à le caresser savamment à la base du prépuce. Max ferma les yeux: il avait encore terriblement sommeil et tellement mal au dos depuis la chute de tout à l'heure et puis... ce que lui faisait cette infirmière vicieuse n'était pas si désagréable que ça.
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* *
Bientôt Martine sentit palpiter la belle queue sous ses doigts: elle l'entoura maintenant de sa main et très doucement, très lentement commençait à monter et à descendre, faisant glisser la peau sur les muscles du membre raidi. Elle était passée maîtresse à de telles manipulations et avait souvent, contre toutes les règles de sa profession, eu l'occasion d'apporter ce réconfort à des malades qui eurent le bonheur de lui plaire tout en étant trop affaiblis pour des formes plus actives de l'amour.
Ce n'était pas le cas de Max. Martine était très excité par son dernier triomphe sur ses muscles d'homme - elle adorait exécuter la "planchette japonaise" qu'elle venait de lui faire, et la prise "viens-donc" qui avait suivi était une spécialité à elle, du jiu-jitsu qu'elle avait appris pour maîtriser sans douleur des malades agités. Martine se mit donc à cheval sur l'homme prostré et introduisit le membre rigide dans son sexe humide.
Mais presque aussitôt elle sentit la queue redevenir flasque. Et c'est alors que la lumière se fit en elle.
"C'est pour ça? C'est pour ça que tu violes? Sinon tu peux pas bander, c'est ça?"
Et elle eut la surprise de voir sourdre des larmes sous les paupières de Max.
Elle lui caressa la joue et sans un mot se leva, se rassit à côté de lui, reprit le membre dans sa main et recommença ses manipulations, tout en se caressant de l'autre main. Quand le membre était à nouveau ferme elle se pencha et commença à le lécher délicatement. Max se mit à gémir.
"Tu aimes ça?"
"..."
"Bien sûr, tu aimes ça, tout le monde aime ça."
Après tout le mal qu'elle avait fait à ce garçon, qu'elle commença à prendre en pitié, Martine avait de plus en plus envie de lui apporter le plaisir qui lui avait apparemment échappé jusqu'ici et peut-être même, à terme, de le guérir de son impuissance.
Il fallait très longtemps pour amener le jeune homme à la jouissance, car il débanda sans cesse. Pendant ce temps, Martine s'entretint d'un doigt, songeant à la joie que lui procurait le pouvoir absolu qu'elle exerçait sur ce beau corps puissant grâce à sa science du judo.
Max jouit enfin, mais d'une façon que Martine jugea assez superficielle. Il resta là, les yeux fermés, fatiguée mais manifestement peu assouvi. L'orgasme de Martine était, comme d'habitude long et profond, mais comme d'habitude aussi, elle voulut tout de suite recommencer. Elle donnait normalement peu de répit à ses partenaires, dont elle savait toujours ranimer l'ardeur.
Aujourd'hui, cependant elle voulut réfléchir au problème de celui qui était maintenant réellement son patient.
Bien que Max ne se fut pas assoupi, il gardait les yeux fermés - par gêne? Mais il prit docilement le sandwich qu'elle lui mit dans la main.
Entre bouchées, il lui demanda, d'une voix soumise qui excita la femme: "Vous allez me laisser partir maintenant?"
Martine nota le vouvoiement, signe supplémentaire de sa soumission.
"Non, Max, tu vas rester ici... Parce que sinon, tu violerais d'autres femmes, des femmes qui ne savent pas se défendre."
"Même si je promets de ne plus le faire?"
"Je ne peux pas te faire confiance, c'est plus fort que toi..."
"Mais vous ne pouvez pas me garder ici indéfiniment..."
"Je peux te garder ici aussi longtemps que ça me plaît... Je veux te guérir, je veux que quand tu pars d'ici, tu puisse faire l'amour comme tout le monde..."
Une note d'espoir apparut dans la voix de Max, qui regarda celle qui était devenue "son" infirmière.
"Vous pourriez faire ça?"
"Je peux essayer..."
"On va me renvoyer..."
"Tu vas me dire où tu travailles et j'enverrais un certificat médical... J'ai les moyens... j'ai beaucoup d'influence sur quelques médecins... Prends un autre sandwich..."
Elle lui offrit une Gauloise sur un paquet qu'elle lui avait acheté, et bien qu'elle-même fumât très peu - et sans avaler la fumée - elle en prit une pour elle.
"Ecoutez... laissez-moi partir... je reviendrais tous les jours si vous voulez, vous pourrez me soigner... Mais je veux pas vivre là-dedans, je veux pas être endormi comme ça, c'est pas drôle!"
"C'est pas drôle! Tu crois que c'était drôle pour les filles que t'as violé? Tu comprends ce que ça fait pour une femme d'être violée? Tu comprends pas ça, non, t'es trop con!" Martine se mettait en colère exprès, à froid, parce que ça l'excitait mais aussi parce qu'elle avait une idée.
"Ici dans cette pièce c'est pas seulement une clinique, tu sais, c'est aussi le mitard! Je reviens!" Elle se leva d'un bond, prit le fauteuil roulant et l'étrier dont Max avait voulu l'assommer et quitta la pièce.
Plus elle pensait à son idée, plus elle s'excitait!
Elle se rendit à l'étage du service gynécologique et attendit patiemment au bout du couloir, dans la petite salle d'attente réservée aux visiteurs, que l'infirmière de nuit quittât son poste pour se rendre auprès d'un malade. Ses tennis ne firent aucun bruit sur le revêtement gris du sol lorsqu'elle courut jusqu'à la salle des soins et se mit à fouiller dans les armoires ouvertes jusqu'à ce qu'elle trouve enfin ce qu'elle cherchait: une énorme canule destinée à certaines douches vaginales. Elle ramassa aussi un tube de lubrifiant et s'éclipsa au moment même où elle entendit les pas de l'infirmière.
*
* *
Max avait remis son pantalon et sa chemise. Il réfléchissait à un moyen de venir à bout de cette terrible virago qui entendait le tenir prisonnier ici... pour combien de temps? Certes, elle était bien mignonne, et elle semblait tenir maintenant à faire l'amour avec lui... Mais en-dehors de l'humiliation générale de sa situation, Max avait de si mauvais souvenirs de l'amour "normal" qu'il le redoutait plus qu'il n'y aspirait... Certes elle s'était proposé de le guérir, mais est-ce qu'elle pouvait le faire? C'était vrai aussi qu'il avait pris du plaisir quand elle l'avait fait jouir en lui caressant le sexe, mais enfin ce n'était rien à côté des plaisirs que lui avait procuré le viol...
Il en était là de ses réflexions quand il entendit la clef dans la serrure et la porte s'ouvrit. Martine entra et se mit aussitôt à revêtir une paire de gants en latex. Max se sentit inquiet: qu'est-ce qu'elle allait encore lui faire?
"Tu as eu tort de remettre ton falzar," lui dit-elle sur un ton plutôt enjoué. "Enlève-le tout de suite..." Elle sortit de la poche de son uniforme l’énorme canule et se mit à l'enduire d'un produit gras, le frottant de bas en haut dans son poing ganté d'un mouvement volontairement suggestif.
"Qu'est-ce que vous allez faire de ça?" demanda-t-elle.
"Te donner une petite idée de ce que pouvait ressentir tes victimes," dit-elle aimablement.
"Ah, non! Je suis pas un pédé, moi!"
"Sait-on jamais? Allez, baisse ton froc et plus vite que ça." Martine donnait l'impression de prendre de plus en plus goût à ce petit jeu.
Max avait reculé jusqu'au mur: il n'avait vraiment plus envie de lutter avec cette femme, le sol était vraiment trop dur et il avait encore très mal au coccyx depuis la dernière projection. Mais il refusa d'enlever son pantalon et de se laisser enfiler avec cet énorme machin noir qu'elle tenait à la main.
"Max, il va falloir que tu apprennes à m'obéir... Tu connais mes possibilités, non?" Elle glissa la canule dans la poche de son uniforme et fondit sur lui sans crier gare. Le col de sa chemise devint un étau, il eut du mal à respirer. Elle commença à le manoeuvrer à travers la pièce, contrôlant son corps avec une aisance qui le stupéfia. Il n'osa plus porter la main sur elle en vue de tous les échecs qu'il avait essuyé, il ne lui opposa qu'une résistance passive... et parfaitement inutile.
Soudain elle se baissa, lui passa l'avant-bras de façon totalement inattendue entre les jambes, plaqua la main sur son coccyx endolori, le souleva prestement du sol et le déposa avec une douceur relative sur le matelas. Puis s'emparant de ses deux chevilles, elle se les cala sous les aisselles, ce qui l'immobilisa tout à fait. Elle se pencha, défit sa ceinture et baissa pantalon et slip d'un seul geste brusque. Elle enchaîna immédiatement une autre prise, tout aussi paralysant, rabattant le mollet gauche de sa victime sur sa hache fléchie, tordant son pied de manière très douloureuse... et ressortit enfin de sa poche la canule en plastique noire.
Sans lui laisser aucun répit, elle se pencha et introduisit l'instrument dans l'anus sans défense. Max poussa un hurlement de bête blessée: il avait le sentiment de subir le supplice du pâle. Martine poussa l'instrument à fond, puis commença à fouiller en direction du pubis. Une douleur autre que celle provoquée par l'étirement de l'anus commença à se développer, devint presqu'insupportable. Max cria de plus bel, essaya d'échapper à la clef de jambe, mais comprit très vite que c'était sans espoir.
"T'aimes pas quand je te chatouille le prostate comme ça, hein?"
"Arrêtez, arrêtez, vous me faites mal! J'en peux plus, j'en peux plus!"
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Martine vit que Max pleurait. Ce qui ne lui faisait ni chaud ni froid: son incapacité à comprendre les souffrances qu'il avait infligé l'avait mise hors d'elle.
Mais elle vit aussi autre chose: Max bandait, il bandait dru. Et elle se demandait s'il s'agissait là d'un réflexe purement physiologique lié au traitement qu'elle infligea à sa prostate ou bien si elle n'avait pas trouvé l'ouvre-sésame de sa personnalité!
"Tiens, tiens, Max, on dirait que ça te plaît quand même".
Et tout en laissant la canule enfoncée dans l'anus, elle relâcha la jambe meurtrie, releva la jupe de son uniforme, s'assit à califourchon sur l'homme geignant et prit son membre en elle. Mais elle passa aussitôt la main sous ses fesses, saisit la canule et fouilla à nouveau dans l'anus de son "patient".
Et voilà qu'à vue d'oeil, la souffrance de Max se transforma en extase. Au bout d'un instant, l'excitation de Martine atteignant aussi de beaux sommets, elle lui saisit des deux mains le col de sa chemise et roula avec lui, de sorte qu'il se retrouva sur elle et put prendre l'initiative des mouvements. En fait, leur position était celle qu'ils avaient connu lors de la fameuse tentative de viol, mais à présent Max savait que les mains qui s’agrippaient à son col pouvaient le mettre K.O. à tout instant.
Il s'acquitta fort bien de sa tâche d’homme" pendant de longues minutes; chaque fois que son érection commença à faiblir, Martine appuya sa prise d'étranglement... avec des résultats étonnants.
Ils jouirent simultanément, et cette fois Martine savait que Max avait pris réellement son pied.
Couchée sous sa large poitrine, elle lui dit tout bas à l'oreille: "Eh bien, mon petit, on dirait qu'on a trouvé la clef des songes!"
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Max allait passer encore une journée sous Valium, car Martine n'était pas encore sûre de sa guérison.
Lorsqu'il se réveilla à nouveau - la dose était moins forte cette fois - il trouva la jolie infirmière assise à ses côtés, prête à entrer en action, ne portant que son soutien gorge, son collant-jarretelle, ses tennis et ses gants de latex. Il se mit debout tout nu, lui sourit, et fit mine de l'attaquer, mais dans l'esprit joueur de celui qui veut provoquer une riposte: Martine fit un pas de côté et se coula derrière lui pour lui porter une clé au bras et à la gorge, puis lui fit faire le tour de la pièce, chuchotant à son oreille des phrases moqueuses: "Tu n'en mènes pas large, hein? T'as fini par comprendre qu'une faible femme n'est pas si faible, tu peux rien faire là, hein, rien du tout, il faut que tu m'obéisses au doigt et à l'oeil." Leurs luttes si inégales étaient devenues un jeu à caractère érotique.
Enfin, elle le coucha fermement, imparablement sur le matelas et ils firent l'amour. Elle prit soin de lui enfoncer un doigt de caoutchouc (lubrifié au préalable) dans l'anus et de lui chatouiller la prostate à certains moments critiques: au cours de leurs ébats, elle lui fit encore plusieurs clefs au bras et à la nuque, et au moment de leur mutuelle jouissance elle le porta au bord de la syncope au moyen d'un de ses étranglements puissants dont elle avait le secret.
A aucun moment, Max ne débanda et son orgasme fut d'une intensité dont il avoua bien volontiers plus tard qu'il n'avait jamais connu le pareil.
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C'est une histoire qui finit bien: Max et Martine vivent ensemble, chacun continuant de travailler, et Max étant aussi bien noté de ses supérieurs que Martine des siens. Parfois il se retrouvent par jeu dans la remise au deuxième sous-sol de l'hôpital, pour se rappeler de bons souvenirs. Parfois même ils jouent au violeur violé dans les cours désertes du vieux quartier à deux heures du matin.
De fait, Max n'a plus jamais violé personne... Mais on ne peut jurer que Martine a cessé de profiter des occasions qui peuvent s'offrir au cours de sa journée de travail, car, nous l'avons dit, Martine est une personne dont les besoins sexuels sont parfaitement insatiables.