Une �trange invitation au voyage Par esclamoureux Claude propose � Renaud un voyage surprenant dont il ne sortira pas indemne (suite de "une joute verbale). La premi�re fois que Renaud avait vu Claude, il l'avait admir�e, d�sir�e et crainte. Il s'�tait dit "attention, elle ressemble � Fanny et t'en ferait autant baver". Fanny �tait son grand et malheureux amour. Claude comme Fanny �taient brunes, minces, �l�gantes. Elles avaient une intelligence remarquable et surtout une finesse de p�n�tration dans les esprits et les ames. Elles dirigeaient toujours la conversation, et combinaient des sarcasmes et moqueries mordantes avec un int�ret p�n�trant pour leur interlocuteur. Le trait pouvait partir � n'importe quel moment et Renaud �tait bien trop lent pour pouvoir r�pondre. Verbalement dominantes elles pouvaient imposer leur principes moraux, leurs principes de vie, comme la r�gle que devait aussi suivre Renaud. Elles s'instauraient en juge. Renaud avait peur de leur d�plaire, il avait peur de les affronter verbalement, se sentant battu d'avance. Il leur laissait l'initiative. Fanny l'avait fait beaucoup souffrir. Terroris� il n'avait pas pu faire l'amour avec elle. Elle l'avait totalement domin�, humili�, et quand pourtant il rencontra Claude il en �tait encore amoureux. Donc pendant longtemps, Renaud subissait l'ascendant de Claude sans qu'il ne soit question d'aller plus loin. Elle prenait les initiative et il lui ob�issait. Elle �tait habill�e de jupes droites au genou. Quand elle �tait assise il admirait ses genoux ronds et le d�but des cuisses. Il revait de poser ses l�vres sur ces genoux. Elle ne le d�sirait pas. Elle aimait sa bouche mais sans plus. Elle ne d�testait pas sa compagnie. Elle lui proposa de suivre avec elle des cours d'allemand. Il accepta pour le seul plaisir d'etre avec elle. Elle l'entraina dans des manifestations politiques et lui demanda, lors de voyages dans des dictatures, de contacter des opposants qu'elle lui indiquait et de les aider. Il n'�tait pas tout � fait d'accord avec cela mais il n'avait pas os� pol�miquer contre elle, de crainte du'une rapide et humiliante d�faite et il craignait son jugement. Il avait donc accept� et, a posteriori, en avait �t� content, malgr� les risques encourus. Elle �tait ainsi devenue son mentor en politique. Apr�s cela il y eut la p�riode o� ils s'affront�rent deux fois sur le choix de candidats. Les deux fois elle triompha, associ�e � deux coll�gues et amis. Il avait boud� jusqu'� ce qu'elle l'oblige � une explication qui avait abouti � sa capitulation et � ce qu'il lui demande pardon. Il avait �rotis� cette humiliation, ce qui avait chang�, de fa�on imperceptible au d�part, la nature de leur relation. Une chose �tait d'avoir �t� domin� et vaincu par elle, autre chose �tait de lui avoir pret� all�geance. Encore une fois c'est Claude qui prenait l'initiative. Elle organisait une conf�rence dans le sud de l'Egypte et l'avait d'ailleurs invit� � parler. Voici qu'elle lui expliquait la chose suivante: � la fin de cette conf�rence elle devait aller au Caire pour y rencontrer un "bureaucrate" scientifique du pays et l'attach� scientifique fran�ais. Cela l'ennuyait de faire seule ce voyage et elle proposait � Renaud de l'accompagner. Il accepta, bien sur, tout de suite: au del� de la beaut� de ce pays, il pensait qu'un voyage � deux pendant une semaine avait quelque chose d'intime qui pouvait les rapprocher. En outre il percevait que les conditions de ce voyage le pla�aient en position subalterne. Elle �tait le personage important, et lui n'�tait l� que comme une esp�ce de garde du corps, de chevalier servant. Cette id�e lui plaisait comme lui avaient plu les humiliations subies ces derniers mois. Il s'�tonnait tout de meme qu'elle l'ait choisi lui. Elle avait d'autres coll�gues avec qui elle s'entendait mieux, � commencer par ses alli�s dans les batailles sur les candidats. Avec arrogance il se demanda si elle d�sirait le s�duire. Ou au contraire �tait-ce le fait qu'elle l'avait subjugu� qui en faisait le choix id�al pour ce role subalterne ? De fait ce fut elle qui tr�s vite regretta ce choix. D'une part ce voyage prenait l'allure d'un voyage touristique ce qui renfor�ait le caract�re intime, ambigu, de ce voyage, un caractere intime qu'elle craignait. D'autre part elle le percevait encore comme l'adversaire. Adversaire vaincu, certes, himili� lors d'un joute, mais meme apr�s cette joute il l'avait trait�e de m�chante. Meme s'il avait l� aussi �t� oblig� de demander pardon, c'�tait bien le moins, il l'avait tout de meme dit, il gardait un hostilit� � son �gard. Passer une semaine avec cet homme hostile ! Elle s'en plaignit aupr�s de l'un de ses alli�s, "Je dois passer une semaine avec Renaud - c'est dur !". Elle essaya de r�duire la partie touristique pendant que Renaud insistait pour la garder en se moquant de son puritanisme. L'organisateur de ce voyage obligea Claude � l'accepter. Claude s'�tait donc arm�e de bonnes r�solutions: ne pas provoquer d'affrontement avec Renaud, rester tr�s aimable, arrondir les angles. Renaud, lui cela allait de soi, �tait r�solu � se montrer aimable et docile, � accomplir ce qu'on demandait de lui tout en se montrant un compagnon agr�able. Arm�s de ces bonnes r�solutions ils partirent vers le nord.