La Grece. #10 Par esclamoureux En Grece Claude reprend le controle Suite de "Une joute verbale", "Une �trange invitation au voyage", "Le voyage initiatique de Claude et Renaud", "Une declaration et trois humiliations", "une apres-derniere chance", "De nouvelles joutes", "Mille defaites savoureuses", "Genuflexion en public", "Un debat cornelien". Le lendemain du coup de telephone qui a fait douter Claude, Renaud lui demande telephoniquement pardon. Claude denonce sa resistance et l'angoisse que cela a engendre chez elle. Elle a repris l'initiative et Renaud recoit cette "engeulade" avec humilite. Malgre toutes ses hesitations, la pression exercee par sa femme, sa reticence devant ce voyage, malgre les pronostiques pessimistes de Claude, Renaud est alle la rejoindre en Grece. Pouquoi cela ? d'abord c'etait un ordre, et depuis qu'il avait fait cette declaration d'amour et de soumission, il etait acquis qu'il lui devait une obeissance absolue. Cette resolution se serait peut-etre fendillee si il n'y avait pas eu toutes ces joutes toujours perdues par lui, qui toutes retablissaient le pouvoir absolu de sa Maitresse et son amour tout aussi absolu. Or ces deux facteurs, le pouvoir de sa maitresse et son amour pour elle le convainquaient qu'il devait aller la rejoindre. Bien sur il desirait aller la rejoindre pour le plaisir incomparable de passer une semaine avec elle. Mais, plus important encore, ne pas y aller la mettrait en colere et les represailles seraient inestimables, allant peut-etre jusqu'a une repudiation immediate et definitive. En outre, ceder a sa femme donnait a cette derniere un atout dont elle jouerait pour le separer de Claude. Il serait admis a retourner chez elle et sa pression serait quotidienne, la souffrance qu'elle afficherait lui serait insupportable. En fait, en le chassant sa femme lui avait octroye, sans le vouloir, une liberte precieuse. Il ne voulait pas perdre cette liberte. Il valait mieux etre un peu brutal maintenant avec elle, que de rester et lui infliger des souffrances continuelles et peut etre a la fin etre oblige de quitter Claude. Donc Renaud arriva a Athenes et y retrouva Claude dans la chambre d'hotel. Elle marmonna quelques mots d'excuse pour son admonestation telephonique et il lui demanda pardon pour ses propos inadmissibles. Il s'agenouilla devant elle. Puis ils firent l'amour debout. Ils rendirent hommage aux dieux du Parthenon. Mais Claude n'est pas du genre a laisser tomber le lutte qui avait precede ce voyage. Dans un bistrot au pied du Parthenon, Claude demande des explications a Renaud. Renaud se defend faiblement, il est totalement sur la defensive: "je ne sais pas, je ne comprends pas". L'ambiance reste tres romantique, malgre la joute en cours, ou plutot grace a la manifeste "reprise en main" par Claude. Claude et Renaud prennent le bateau vers l'ile de Sifnos. Ils sont sur le pont. Un homme parle a voix forte dans son telephone mobile. Il semble plaider. Il pleure au milieu de la foule. Renaud fantasme: sa maitresse est en train de le congedier. Claude et Renaud lisent un texte de Fanny sur le trouble qui a saisi Freud. Freud rapportait ce trouble a sa judeite, a un voyage qu'il avait fait avec son pere a l'age de quatre ans entre la Carelie et Vienne. Claude n'a pas manque de comparer ce trouble avec l'hostilite de Renaud vis a vis de la Grece, une comparaison qui flattait Renaud. Freud aussi accrochait sa reticence a des details pratiques, les billets, les visas, etc. Pourquoi fallait-il que la presence virtuelle de Fanny, s'ajoutant a celle de la femme de Renaud, soit ainsi convoquee au moment ou un tournant decisif se dessinait dans la relation du cloren ? A propos du texte de Fanny, Claude declara "ta copine se paie de mots". Une facon de deprecier l'idole qu'il avait adore, une facon de dire "je peux le faire car j'ai pris sa place sur le trone dans ton univers mental". Renaud ne chercha pas a defendre "sa copine". Il savait que sa nouvelle "deesse" avait supplante l'ancienne. La dite deesse conduisit leur tandem vers l'hotel ou elle avait reserve une chambre. Il fallait monter dans la ville portuaire, accrochee a la montagne. La patronne avait cede la chambre a quelqu'un d'autre car Claude n'avait pas depose de caution. Renaud se facha contre cette patronne arrogante, Claude lui ordonna de se calmer. Elle resta tres calme et tres forte, les entraina d'hotel en hotel ou ils entendaient partout la meme reponse: complet. Un taxi les prevint: "you will be happy if you find a room". Renaud se garde bien d'utiliser ce gros "probleme pratique" pour reiterer ses reserves sur ce pays. Il repete a sa Maitresse "je te fais confiance" et la suit docilement. D'ailleurs il n'a pas d'autre choix. La "force tranquille" de Claude lui donne un sentiment de securite. Il se sent maternellement protege par elle. Il imagine qu'ils vont devoir dormir sur la plage: on n'en meurt pas. Elle change de tactique et va voir les commercants. Le miracle se produit: un restaurateur de poisson a une hesitation, consulte sa femme: il a une chambre reservee, caution payee, mais personne n'est venu alors que le dernier bateau est a quai depuis longtemps. Il les fait attendre jusqu'a une heure du matin et les conduit enfin dans la chambre "beautiful view" ce qui est bien vrai: vue plongeante sur le port et la mer. Claude a triomphe et Renaud l'admire tellement ! Ils ouvrent les fenetres et font l'amour. Au mileu de la nuit Renaud pousse un cri: un enorme insecte aile s'est pose sur lui. Il y en plein qui ont profite de la fenetre ouverte. Renaud, nu, se met en chasse en courant apres les insectes. Claude regarde le spectacle, ecroulee de rire. Le pouvoir de Claude etait plus grand qu'il ne l'avait jamais ete: jour et nuit elle decidait de tout et orgnisait souverainement leur sejour. Elle emmena Renaud le premier jour a Kastro, splendide village aux murs blancs et portes et volets bleus, plongeant sur la mer. Ils nagerent ensemble. Claude "c'est beau ! - tres beau" repondit-il. Mais Claude se facha, elle pensait que ce spectacle meriterait des eloges plus enthousiastes. Elle aurait voulu que Renaud fasse contrition pour les propos negatfs qu'il avait proferes sur la Grece. Mais Renaud resiste, a la fois parce que cette beaute extreme lui rappelle trop la Cote d'Azur et la beaute touristique, mais aussi par "sursaut d'ogueil". La domination totale de Claude laisse peu d'espace a son ego. Il n'est pas d'humeur a faire contrition. Claude decide qu'ils rentreront a pied. Renaud voudrait utiliser des transports en commun mais Claude impose sa volonte. Renaud grogne un peu pendant cette longue marche en plein soleil. Tous les soirs, a l'heure du repas, apres l'ouzo aperitif, se declenchait a nouveau cette joute concernant le jugement sur la Grece. Claude appelait cela l'heure de l'angoisse des nourissons. Un soir cette dispute a atteint un paroxysme. Claude se plaignit du manque d'enthousiasme de Renaud "De toutes facons ce que tu veux c'est rejoindre ta femme". Renaud se facha, dit que cette phrase etait insultante, que lui au moins avait rompu avec sa femme, Claude restant avec son mari. Il repeta cette phrase. Claude retorqua: "Si tu le dis une troisieme fois je prends le bateau demain matin. Ensemble ils se calmerent et firent la paix. Curieusement, tout en menant cette guerilla a propos du jugement sur la Grece, Renaud reconnaissait sans reserve le pouvoir de sa Maitresse et lui obeisait docilement. Elle le conduisait ainsi jour apres jour dans un nouveau village encore plus beau que le precedent, ils admiraient tel monastere, tele eglise, tel rocher dominant la mer, l'harmonie de ces lieux qui melaient la terre, le ciel et la mer de facon parfaite. Renaud se laissait aller a exprimer son enthousiasme et Claude, moqueuse, lui rappelait ses propos negatifs. Mais si, pour eviter cette humiliation, il retenait son enthousiasme elle villippendait sa froideur. Ils nageaient ainsi dans le bonheur et la beaute. Les piles de son rasoir, celui qu'il avait achete a cause de l'humiliante remarque de Claude "et en plus il pique", les piles etaient vides. Il obtint de Claude l'autorisation d'en acheter d'autres. Pourtant a son retour elle lui interdit de se raser et lui ordonna de laisser pousser sa barbe et sa moustache. Elle lui rappelait ainsi qu'elle avait pouvoir jusque sur son coprs, la forme la plus totale et la plus intime du pouvoir. Il obeit sans discussion. Comment cette totale soumission s'accordait-elle avec le guerilla qu'il menait a propos de la Grece ? Mystere de l'ame masculine ! Les cheveux et les poils jouent un role symbolique pour Claude. Elle ne va jamais chez le coiffeur car elle a ete traumatisee par une seance de coiffeur que lui a imposee sa mere. Elle s'etait sentie mutilee. Les cheveux avaient pour elle un caractere symbolique. Des le debut elle avait pris le controle des cheveux de Renaud. Elle voulait qu'ils restent longs. Il demandait l'autorisation d'aller chez le coiffeur et elle lui donnait des directives precises sur ce qu'il devait demander a ce dernier: "viens avec moi lui donner tes directives" plaisantait-il. Donc a Sifnos, alors que leur relation entrait dans une nouvelle phase, elle marquait son emprise par une barbe et une moustache. Comme on marque un esclave ? Oui, comme on marque un esclave d'amour. Claude avait faire lire a Renaud, dans les premiers temps, le livre "love" d'Angela Carter, dans lequel Annabel emmene Lee chez un tattoueur et fait graver dans sa chair son nom, "Annabel", entoure d'un coeur. "You'll never deceive me again, what other girl would make love to you now". Renaud n'avait pourtant jamais trompe Claude, mais peut-etre sa resistance a propos de la Grece meritait-elle cette marque ? Une marque legere et effacable. Cette injonction de laisser pousser barbe et moustache n'avait pas ete premeditee, c'etait venu comme ca, a l'occasion de cette panne de rasoir. Elle lui imposait une marque possessive tendre, dans le but de le rendre plus beau a ses yeux. Et, de fait, il constata dans le regard des autres femmes qu'elle n'avait pas tord. Il etait un esclave libre de partir mais il n'en eut jamais le desir ! Le temps passa et leurs adieux s'anoncaient. Claude et Renaud parlent des habitants de ce pays, touchants et parfois irritants, descendants des fondateurs de la philosophie et des sciences, mais aussi tant de fois domines ! Renaud demande a sa maitresse ce qu'il doit faire de sa barbe epaisse a son retour. Claude hesite un peu, puis decide qu'il devra la garder jusque fin aout pour marquer publiquement son allegeance. En fait il la gardera toujours ! Renaud fit l'apologie de cette ile pour souligner enfin sa soumission. Claude se moqua de lui. Sur le bateau elle l'interrogea, de facon critique, sur son engagement scientifique tres fort, faisant suite a son engagement politique. Il n'osa pas lui avouer le role eminent qu'elle avait joue pour detricoter son engagement politique. Il comprend que son allegeance est bien anterieure a sa soumission officielle. Nouvelle dispute a propos d'un restaurant. Ils etaient "a cran" tous les deux. Ils firent l'amour, et le lendemain tres tot Renaud disparut dans un taxi apres un bref baiser. Ce voyage laissa dans leur tete des souvenirs forts mais tres differents. Claude niait qu'elle ait dans ce voyage obtenu la totale soumission de Renaud, son appartenance a elle seul: "Renaud a ecrit comme il l'avait dit, mais la coloration systematique qu'il a choisi de la soumission masochiste me deplait plutot". Elle se souvenait surtout des disputes et de la reaction de Renaud contre la Grece, en omettant sa soumission finale sur ce sujet meme. Elle ressentait douloureusement l'angoisse du temps qui passait trop vite. "De mon cote, une irritation bizarre devant l'absence de joie manifeste de Renaud a se trouver justement la..... l'impossibilite a etre la de plein pied, avec tous les effets rampants et persistant de la culpabilite, de l'angoisse qui avaient fait barrage avant le voyage et persistaient pendant. Une petite heure sous le vent de l'impatience et de l'humeur un peu reactive et puis on retrouvait la plenitude des soirees, et serres l'un contre l'autre, parlant du plaisir nonchalant d'etre ensemble, de tout, des sentiments, des impressions, des souvenirs". Renaud, lui, se souvenait d'une semaine lumineuse, sous l'autorite indiscutee de sa Maitresse, Il admirait son calme, sa force, son brillo pour les sortir de situations difficiles. Bref un souvenir "a coloration de soumission masochiste". Et apres ? l'avenir se presentait seme de difficultes et d'embuches.