Un debat Cornelien. #9 Par esclamoureux Un autre voyage declenche un debat cornelien. Suite de "Une joute verbale", "Une �trange invitation au voyage", "Le voyage initiatique de Claude et Renaud", "Une declaration et trois humiliations", "une apres-derniere chance", "De nouvelles joutes", "Mille defaites savoureuses", "Genuflexion en public". Quand Claude voyageait elle aimait parfois emmener Renaud "dans ses bagages". Elle exigeait qu'il la rejoigne. Elle l'avait emmene a New-York et cache dans la chambre offerte par l'universite invitante. Elle voulait qu'il la rejoigne en Pologne. Mais il s'etait apercu que son passeport etait perime. Elle l'avait traite de tous les noms "on ne peut pas compter sur toi" et puis elle lui avait donne des directives, il devait aller a tel endroit telephoner a tel autre etc. Il avait obei et cela avait marche ! Ils avaient alors passe un sejour enchanteur. Donc cet ete elle devait passer un mois en Grece avec sa famille et elle voulait qu'il l'y rejoigne pendant une semaine: non pas dans l'endroit ou elle sejournait en famille mais une autre ile pas trop eloignee. Elle ecrit, peu de jours avant ce voyage en Grece de Renaud, "Je pensais que cette semaine de vacances serait en quelque sorte une epreuve pour notre amour. Je n'avais pas mesure a quel point. Je pensais a ce que representait le plaisir d'etre ensemble une longue semaine et qu'a l'aune de nos sentiments nous pourrions etre a meme de mieux envisager l'avenir. Ne voila-t-il pas que par un hasard sournois de l'histoire des sentiments, la circonstance de cette possibilite de rebondissement et d'epanouissement de l'amour est considerablement brouillee par la condition affective d'angoisse extreme dans laquelle nous nous trouvons". Que s'etait-il donc passe ? Renaud avait parle de ce voyage a sa femme et celle-ci fut tres en colere et lui dit clairement que s'il le faisait, elle le chassait de la maison familiale. A qui devait-il obeir ? Debat Cornelien ? Pas vraiment, du moins pas au debut. D'un cote il y avait des liens d'affection multiples et anciens, mais de l'autre il y avait le grand amour. De plus Claude lui avait enseigne, a force de joutes oratoires, a obeir sans discussion. Lui desobeir dans cette circonstance si importante l'exposait a des represailles terribles, voire a une immediate et definitive repudiation. Enfin, meme si Claude se montrait clemente, le fait de ceder devant sa femme donnerait a cette derniere un avantage qui le conduirait fatalement a la rupture avec Claude et a son retour contrit dans le foyer familial. Cette perspective lui faisait horreur. Il se disait qu'il pouvait saisir cette occasion pour se separer de sa femme. La vie avec elle etait devenue difficile depuis qu'il etait tombe amoureux de Claude et cette derniere lui reprochait assez sa relation avec sa femme dont elle fantasmait : "Ce continent noir et inconnu dont je ne connais rien". Donc il ferait ce voyage et ainsi il demontrerait a Claude qu'il n'appartenait qu'a elle. On etait en juillet et il quitta donc la maison familiale. Sur le conseil de sa femme (si !) il avait demande a sa soeur de lui preter son appartement momentanement inoccupe. Claude, de son cote, prodiguait des conseils a Renaud sur la facon de mener relativement pacifiquement cette rupture. De fait elle avait pris cela en main ! Ils passerent ensemble trois jours idylliques a Paris en utilisant l'appartement de la soeur de Renaud. En aout Claude partit en Grece avec son mari. Elle echangeait avec Renaud des lettres et des coups de telephone quotidiens. Alors commenca la crise. Renaud etait alle admirer l'eclipse totale de soleil avec sa femme. Celle-ci exercait une enorme pression affective. Claude etait trop loin pour diriger Renaud dans ses relations avec elle. Il se sentait coupable de faire souffrir sa femme. Le voyage en Grece lui faisait peur. Il n'aimait pas l'avion, il n'aimait pas la chaleur ni les bords de mer touristiques. Certes il ne pouvait pas desobeir a sa Maitresse, mais exprimait son malaise par une critique de la Grece qui dissimulait mal de l'aggressivite a son egard. Cela explosa dans une communication telephonique "a la mi-aout". Claude ecrit "Depuis l'eclipse il n'est plus le meme ! Renouant sans renouer avec sa femme..... il etait irrite par mon questionnement. Ses lettres, toutes chargees de fidelite amoureuse a mon egard, n'en sont pas moins chargees d'une culpabilite angoissee vis a vis d'elle. Un Renaud enfoui a surgi, amer et raisonneur que je n'avais pas entendu depuis logtemps, allant jusqu'a mettre en scene une enorme resistance au voyage projete". Bref elle percoit un revolte de Renaud et n'est pas la pour la reduire. Elle est vraiment inquiete. Elle lui conseille de moins voir sa femme. Elle reconnait qu'elle meme est avec son mari, mais c'est different. Elle se fait fort de faire accepter une sorte de polyandrie a son mari alors qu'elle sait que Renaud doit tomber d'un cote ou de l'autre: soit se soumettre a sa femme et rompre avec elle, soit l'inverse. "Et il ne la quittera pas" pronostique-t-elle. Elle nage beaucoup, et "je nage dans l'angoisse moi aussi". Elle a bien sur tance Renaud au telephone, mais celui-ci, "raisonneur", opposait son angoisse a travers des arguments charges d'aggressivite vis a vis de sa Maitresse. "Le plus simple, dit-il, serait de rester". "C'est vrai, commente Claude, le plus simple c'est la mort ? la mort douce de la vie quotidienne". Ce language de mort revele la tension insoutenable qui regnait. Claude, la forte, perdait l'espoir. Renaud, le faible, ne savait plus a quelle sainte se vouer.